La riche documentation de la Fondation suisse pour les orchidées
par Viateur Boutot
L'Université de Bâle a créé, en 2001, la Fondation suisse pour les orchidées (FSO / Schweizerische Orchideenstiftung) après s'être vue confier, en 1999, l'herbier et l'imposante collection de livres sur les orchidées du taxinomiste Jany Renz [voir notes biographiques, dans l'encadré].
Les spécimens de l'herbier de Renz de même que ceux rassemblés dans les herbiers de Bernoulli & Cario, de la Société botanique bâloise (Basler Botanische Gesellschaft) et de l'Institut de botanique de l'Université de Bâle ont été numérisés. Les quelques 25 000 images obtenues peuvent être visualisées via l'outil de recherche de la base de données de l'Herbarium Jany Renz.
Base de données iconographiques
La FSO a créé une base de données, Iconographie mondiale sur les orchidées, comprenant près de 80 000 images – numérisations de spécimens d'herbier, photographies et dessins colorés à la main. La Fondation a l'ambition de fournir, éventuellement, une documentation visuelle sur toutes les espèces d'orchidées de la planète. La base de données couvre actuellement plus de 10 000 espèces, soit environ le tiers des orchidées indigènes.
Cattleya trianae Linden & Rchb.f. Illustration publiée dans Lindenia, Iconographie des Orchidées, 1890, planche 231 |
Sans détermination taxinomique
Afin d'améliorer sa base de données iconographiques, la FSO sollicite la collaboration des chercheurs afin qu'ils contribuent aux déterminations taxinomiques d'espèces à partir de 3 205 numérisations de spécimens, d'illustrations ou de photographies. Pour les images fournies, des renseignements pertinents à l'espèce sont indiqués (genre déterminé, nom du photographe ou de l'artiste, lieu et date de collecte, référence à une publication, etc.).
BibliOrchidea
Fleurs d'un spécimen collecté par Otto Renz dans le département de Cundinamarca, en Colombie - avril 1938 |
Présentée comme étant la plus vaste base de données bibliographiques sur les orchidées, BibliOrchidea rassemble environ 150 000 titres d'articles publiés dans des revues ou des livres, ou disponibles dans des versions de prépublication3.
Lors du IIIe Congrès international sur la conservation des orchidées tenu à San José, au Costa Rica, en mars 2007, le botaniste et taxinomiste, Rudolf Jenny, a fait une présentation sur BibliOrchidea4. Il a alors souligné qu'il n'existait aucune autre base de données aussi exhaustive de références bibliographiques sur les orchidées.
Le scientifique reconnaît qu'après avoir établi une liste de références avec BiblioOrchidea, l'obtention de publications répertoriées peut représenter un considérable investissement en temps. Puisque l'on trouve dans BiblioOrchidea des références à des revues ou des ouvrages dont la date de publication est ancienne ou la diffusion limitée, l'utilité de la base de données dans la recherche de littérature scientifique est liée à la disponibilité des documents et ouvrages dans une bibliothèque bien pourvue en documents spécialisés.
En 2007, Rudolf Jenny estimait que BiblioOrchidea contenait des références sur environ 80 % des espèces d'orchidées ayant fait l'objet d'une description taxinomique. En constante mise à jour, la base de données ne sera jamais exhaustive en raison, notamment, de la parution régulière de nouveaux articles sur les orchidées et de la difficulté d'obtenir une copie de diverses publications.
Cattleya trianae Linden & Rchb.f. Photo, Phillip James Cribb |
Si BiblioOrchidea est une ressource impressionnante par sa couverture, elle demeure toutefois d'une utilité limitée pour les chercheurs n'ayant pas accès aux publications inventoriées. Dans un commentaire dans lequel il présente le projet Epidendra, Franco Pupulin, chercheur du Jardin botanique Lankester de l'Université du Costa Rica, signale que la valeur d'un système de références est liée à l'accès direct aux sources, situation qui n'est pas courante dans les pays des régions tropicales. Il souligne que, dans ce contexte, l'absence de bibliothèques donnant accès aux ressources documentaires constitue un obstacle majeur à la recherche botanique, en particulier lorsqu'il s'agit de consulter des publications anciennes.
Il serait dans doute opportun, en complément de l'excellent outil de recherche que représente BiblioOrchidea, de créer un vaste dépôt [repository] de copies numérisées de publications sur les orchidées, anciennes comme récentes. Bien sûr, pour la réalisation d'un tel projet, il faudrait tenir compte des questions liées aux droits d'auteur. Cet aspect n'est certes pas insoluble mais l'esprit de partage et de collégialité qu'une telle initiative impliquerait devrait être basé sur la reconnaissance des contributions de chacun à l’avancement des connaissances sur les orchidées.
Prix à la recherche
La FSO offre le prix Swiss Orchid Research Award en appui à la recherche scientifique sur les orchidées dans les domaines de la biologie de l'évolution et de la reproduction, la taxinomie, l'anatomie, la physiologie et l'écologie.
Puiser dans ces trésors documentaires
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Nonobstant notre degré de connaissance sur les orchidées, comme orchidophile, nous trouvons, dans les ressources mises à notre disposition par la fondation suisse, une riche source d'information. Un des aspects les plus stimulants de la passion pour les Orchidaceae est certes ce champ illimité de découvertes qui s'offre à nous : explorons !
Alors qu'il étudie la chimie, à Munich, en Allemagne, Jany Renz interrompt fréquemment sa formation pour séjourner en Grèce, son pays d'origine, et pour des voyages en Afrique du Nord et au Moyen-Orient où il étudie les orchidées et collecte des spécimens.
Notes biographiques - Jany Renz (1907-1999) Jany Renz sur le terrain en Thaïlande source de la photo : https://orchid.unibas.ch/contents/imgs/renzfeld.jpg |
Après avoir occupé, au sein de la compagnie pharmaceutique Sandoz, à Bâle, le poste de directeur de l'équipe de recherche et de la production, il prend sa retraite en 1971. Par la suite, il consacre la majeure partie de son temps à la recherche sur les orchidées et à la gestion de son herbier.
Il profite de sa retraite pour effectuer des expéditions deux fois par année. Entre 1972 et 1975, il se rend en Iran, en Afghanistan et au Pakiskan. Il étudie les spécimens d'orchidées collectés lors de ces périples et rend compte de ses résultats de recherche dans des flores publiées sur les régions explorées.
Déjà, en 1928, il avait décrit une première orchidée qu'il venait de découvrir en Grèce. Par la suite, il publie plus d'une centaine d'articles consacrés à la taxinomie et aux flores de pays d'Europe, de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient.
Il s'intéresse notamment aux orchidées terrestres appartenant aux genres Dactylorhiza, Epipactis, Ophrys et Orchis. De plus, il étudie les espèces du genre Habenaria de l'ensemble de la planète. Par ailleurs, il contribue aux sections consacrées aux orchidées dans des flores régionales, notamment Flora Aegaea (1943).
Un spécimen de Restrepia renzii a été collecté par Jany Renz, à une altitude de 2 400 m, dans l'État de Mérida, au Venezuela, le 19 juillet 19515. Source de la photo : http://www.orchid-nord.com/restrepia/restrepia_renzii/Restrepia-renzii2.jpg Le genre Renzorchis Szlach. & Olsz.6 commémore le souvenir de Jany Renz. En outre, 11 orchidées ont été nommées en son honneur : Brachionidium renzii Luer Dactylorhiza renzii Aver. 7 Dactylorhiza × renzii Baum. & Kunk. Disa renziana Szlach. Epidendrum renzii Garay & Dunst. Epipactis renzii Robatsch8 Habenaria renziana Szlach. & Olsz. Masdevallia renzii Luer Ophrys renzii 9 Ponerorchis renzii Deva & Naithani Restrepia renzii Luer |
Après avoir complété le texte consacré aux orchidées pour l'ouvrage Flora Iranica (1978), il prépare sa contribution sur les orchidées pour le livre Flora of Turkey (1984).
Auparavant, il a publié plusieurs descriptions d'espèces collectées dans la région, nouvelles pour la science.
Par la suite, il fera paraître des articles sur des orchidées de l'Afrique tropicale et de l'Océanie. Durant les années 1980, il se consacre à l'étude des orchidées pour la publication de Flora of Guyana (1992) et prépare ensuite une contribution sur les orchidées, décrivant de nouvelles espèces et proposant un nouveau genre, pour l'ouvrage Flora of Bhutan qui est publié en 2002, quelques années après son décès (1999).
Il collabore étroitement avec l'Institut de botanique de Bâle qui établit une collection d'orchidées au Jardin botanique de la ville. Lors de floraisons, on lui demande d'identifier certaines orchidées, ce qui lui permet d'ajouter plusieurs fleurs à son herbier. D'un grand intérêt scientifique, sa collection compte plus de 20 000 spécimens. Au fil de ses activités de recherche, il meuble sa bibliothèque de nombreux ouvrages sur les orchidées.
__________________1 Le nom accepté pour l'espèce est Oncidium alexandrae (Bateman) M.W.Chase & N.H.Williams, Lindleyana 21(3): 22 (2008).
2 Frère de Jany Renz.
https://orchid.unibas.ch/site.obituary.php
http://link.springer.com/article/10.1007% 2FBF00936308#page-1
3 Une prépublication est un article qui n'a pas été soumis à la critique de pairs (comité scientifique ou comité de lecture).
4 Jenny, R.
2007 What is BIBLIORCHIDEA? Proceedings of the 3rd International Orchid Conservation Congress dans Lankesteriana, 7(1-2): 169-174.
5 http://www.tropicos.org/Name/50162937?tab=specimens
6 Ce nom de genre est considéré synonyme de Habenaria Willd., Sp. Pl. 4: 44 (1805).
7 Le nom accepté pour l'espèce est Dactylorhiza umbrosa (Kar. & Kir.) Nevski, Trudy Bot. Inst. Akad. Nauk S.S.S.R., Ser. 1, Fl. Sist. Vyssh. Rast. 4: 332 (1937).
8 Le nom accepté pour l'espèce est Epipactis helleborine subsp. neerlandica (Verm.) Buttler, Willdenowia 16: 115 (1986).
9 Le nom accepté pour l'espèce est Ophrys sphegodes subsp. aesculapii (Renz) Soó ex J.J.Wood, Orchidee (Hamburg) 31: 232 (1980).
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