dimanche 3 juillet 2011

Isotria medeolides, au Canada par Viateur Boutot

Anciennement connue sous le nom commun de petite pogonie verticillée, celui-ci étant désormais considéré comme désuet, on désigne désormais l’espèce sous le nom d’isotrie fausse-médéole ou son nom scientifique, Isotria medeoloides.
Petite orchidée dont la taille peut atteindre 25 centimètres, Isotria medeoloides produit une fleur (parfois deux) d’un peu moins de 4 cm.


Source de la photo : [Encyclopedia of Life]
http://content2.eol.org/content/2010/03/31/00/36263_large.jpg

Habitat : l’espèce croît en forêt mixte humide, à relief plat et à sol acide, où le couvert forestier présente de petites ouvertures. Une litière de feuilles décomposées est généralement présente et la couverture arbustive et herbacée est limitée.

Répartition : au Canada, la seule population de l’espèce Isotria medeoloides rapportée se trouve dans le comté d’Elgin, au sud-ouest de l’Ontario. Quatre sous-populations situées à moins de quelques centaines de mètres l’une de l’autre y ont été observées. Aux États-Unis, l’espèce est présente depuis la Nouvelle-Angleterre et le Michigan jusqu’au Missouri et en Caroline du Sud.

Statut : cette orchidée est considérée par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) comme étant en voie de disparition, depuis 1982¹. Les scientifiques ont observé, en 1989, une seule petite population. L’espèce est rare dans toute son aire de répartition, des plantes n’apparaissant que de façon irrégulière. La période de dormance d’Isotria medeolides dure parfois plusieurs années avant que la plante n’émerge de nouveau du sol. En Ontario, on ne sait pas si l’espèce est disparue ou si sa présence est passée inaperçue.

Menaces à la survie de l’espèce : la principale menace est le manque d’habitat adéquat dans la zone carolinienne² du Sud-Ouest de l’Ontario qui a été altérée. Une piste empruntée par des motocyclettes et des véhicules tout-terrain traverse le secteur et au moins une des sous-populations a été détruite par l’utilisation de cette piste. De plus, la notoriété de l’espèce attire des naturalistes, amateurs d’orchidées et photographes. Par conséquent, la plante risque d’être piétinée par mégarde.
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1 COSEPAC.
2000 Évaluation et rapport de situation du COSEPAC sur l’isotrie fausse-médéole (Isotria medeoloides) au Canada − mise à jour. Comité sur la situation des espèces en péril au Canada.
Ottawa. vi + 6 p.
2 La zone carolinienne est une région naturelle caractérisée par la domination d’arbres à feuilles caduques. Au Canada, cette zone ne se trouve que dans le Sud-Ouest de l'Ontario. Cette région est le prolongement de la région forestière de feuillus de l'Est des États-Unis qui s'étend, du sud au nord, depuis la Caroline

Isotria medeoloides se fait rare en Virginie par Viateur Boutot


Dans une nouvelle diffusée récemment, Wamu, une radio publique de la région de Washington, rapporte qu’en Virginie, des responsables de la protection des habitats des orchidées indigènes parlent d’une course à la conservation de l’espèce Isotria medeoloides1. En effet, on trouve dans cet état de l’Est du continent, une des dernières populations de l’espèce.

Une botaniste du Centre de recherche sur l’environnement de l’Institution Smithsonian, Melissa McCormick, veut éviter que les pilleurs (poachers) ne trouvent les plantes de cette espèce et ne les extirpent pour en faire le commerce illégal. La scientifique signale que dans l’état du Maryland, la cueillette sauvage d’Isotria medeoloides a déjà mené à sa possible extinction, au plan local.

La botaniste rappelle que l’espèce était, à l’origine, présente dans l’ensemble de la côte Est des États-Unis. Aujourd’hui, sa répartition est surtout concentrée au Nord-Est, en particulier dans l’état du Maine. Toutefois, cette distribution est limitée à moins de 100 populations de l’espèce, celles-ci comptant souvent moins d’une vingtaine de plantes.

Si Isotria medeoloides est présente dans une quinzaine d’états, il ne s’agit, dans la plupart des cas, que d’une ou deux populations par état.

Source de l’illustration :
[Département de l’Agriculture des États-Unis]
http://plants.usda.gov/maps/large/IS/ISME2.png



En Virginie, pour voir l’espèce in situ, on doit emprunter des routes de gravier, traverser des barrières cadenassées et des cours d’eau dans le parc forestier Prince William, situé dans le comté du même nom (identifié par le point rouge sur la carte).

Isotria medeoloides possède habituellement cinq ou six folioles réunies en un verticille au sommet de la tige. La plante produit une fleur (rarement deux) qui émerge au centre des feuilles.

Source de la photo :
[Gulf South Research Corporation]
http://www.goldendelighthoney.com/tes/ISME2/ISME2.jpg

La botaniste de la Smithsonian Institution souligne que la cueillette de l’espèce dans un but horticole est vouée à l’échec en raison du lien étroit entre l’espèce et son environnement. Elle précise que la transplantation fructueuse de l’espèce nécessiterait l’extraction d’une forêt entière.

“Si vous n’avez pas les arbres appropriés et le champignon qui est associé à l’espèce, orchidée ne survivra pas”. En effet, Isotria medeoloides se développe en symbiose avec un type de champignon que les scientifiques n’ont pas encore identifié.

La botaniste reconnaît que les connaissances sur l’espèce demeurent incomplètes. Des recherches plus poussées permettraient de comprendre quelles actions devraient être posées pour assurer la conservation de l’espèce, en s’attachant d’abord à préserver son habitat de telle sorte que son écosystème favorise la coexistence harmonieuse des plantes et des animaux.
En somme, conclut la scientifique, Isotria medeoloides n’est qu’une pièce du grand casse-tête, la protection de la biodiversité.
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1. http://wamu.org/news/11/05/17/the_mysterious_disappearing_orchid.php