jeudi 29 décembre 2011

Espèces et habitats menacés de disparition

Par Viateur Boutot. La photo ci-dessous est Laelia gouldiana de Roberta Fox- Costa-Mesa, Californie, États-Unis


Récemment, BBC Mundo, le service de nouvelles en langue espagnole de la British Broadcasting Corporation, rapportait que des centaines d’espèces d’orchidées du Mexique étaient menacées de disparaître1.

Objet de commerce illégal et de collecte excessive, soumises aux changements climatiques et à la transformation de leur habitat à des fins d’agriculture et d’élevage, les populations de plusieurs espèces sont en chute constante.

Selon des données fournies par les autorités mexicaines, le pays compte 1 264 espèces et une d’entre elles, Laelia gouldiana, est considérée comme étant éteinte dans la Nature. De plus, on estime que 181 espèces sont menacées d’extinction alors que 16 autres sont en situation très précaire, risquant de disparaître complètement. Par ailleurs, certaines espèces n’existent maintenant plus qu’en culture.

Une scientifique de l’Instituto de ecología en Xalapa, dans l’État de Veracruz, Victoria Sosa, déplore la ceuillette illégale d’orchidées par les collectionneurs et signale que l’on trouve, en vente, dans plusieurs marchés de Xalapa, des espèces extraites des forêts de la région. De plus, plusieurs espèces indigènes sont exportées illégalement.

À l’échelle nationale, pour empêcher la disparition d’espèces, le secrétariat à l’Environnement (Secretaría de Medio Ambiente y Recursos Naturales / SEMARNAT) a créé un programme de protection. D’une part, on envisage de construire des serres pour les orchidées dont la survie est devenue impossible en raison de la transformation de leur habitat. D’autre part, on prévoit des activités éducatives afin de favoriser le développement d’un esprit communautaire quant à l’utilisation et à la conservation des ressources des zones où se trouvent les espèces menacées. En outre, des paysans, propriétaires de forêt, pourront recevoir une compensation monétaire s’ils adoptent des mesures favorisant la conservation des orchidées.

Dans l’État du Chiapas

Au Mexique, c’est dans le Chiapas que l’on trouve la plus grande concentration de forêts et le plus grand nombre d’orchidées. Les menaces de disparition de certaines espèces y sont également les plus grandes, la déforestation de vastes espaces à des fins agricoles ayant des effets dévastateurs sur les habitats.

Un chercheur de l’Universidad Autónoma de Chapingo, Aurelio Bastida Tapia, signale que des 24 espèces qui sont disparues, au Mexique, au cours des 50 dernières années, 22 étaient présentes dans l’État de Chiapas2. Il précise qu’une des espèces disparues est Cattleya chilapense3 dont les spécimens existants ne se trouvent maintenant plus qu’en culture, en serre.

Altérations aux habitats

La modification des habitats par l’intervention humaine est nuisible autant aux orchidées terrestres qu’aux espèces épiphytes. Là où croissent des orchidées, chaque fois qu’une clairière est ouverte dans la forêt ou qu’une percée est effectuée dans la jungle, pour des activités d’agriculture et d’élevage, l’habitat des espèces est modifié, parfois de façon irréparable.

Par ailleurs, les changements climatiques peuvent également avoir des conséquences néfastes pour plusieurs orchidées. Lorsque des variations de température surviennent, ne serait-ce que de quelques degrés, certaines espèces résistent mal à ces perturbations et sont inéluctablement vouées à la disparition.

Et des solutions ?

La survie des orchidées mexicaines menacées est conditionnelle non seulement à l’intervention des autorités mais également à la participation des orchidophiles qui, estiment des chercheurs, ont le plus contribué à la disparition de certaines espèces.

Dans un but de conservation, des enseignants de l’Universidad Autónoma de Chapingo cultivent en serre, depuis 15 ans, environ 1 500 orchidées, quelque 150 espèces collectées dans les États de Chiapas, Oaxaca, Yucatán, Guerrero, Morelos, [Estado de] México, Puebla, Veracruz et Hidalgo. Par ailleurs, pour assurer la pérennité d’orchidées menacées ou en danger d’extinction, les chercheurs de cette université préconisent la reproduction d’un grand nombre d’espèces pour leur éventuelle transplantation dans des zones naturelles protégées.

Pourtant, la solution de cultiver les espèces menacées en serre n’est pas toujours souhaitable. Il est parfois impossible de reproduire de façon adéquate les conditions prévalant dans l’habitat duquel certaines espèces sont fortement dépendantes pour leur développement et leur épanouissement.

La scientifique, Victoria Sosa, considère qu’il est nécessaire de créer des sanctuaires protégés dans les forêts et la jungle, de même que dans d’autres habitats où les orchidées sont menacées. La création de ces îlots de conservation constitue sans doute la meilleure façon pour le Mexique de protéger la majorité de ses orchidées, en particulier, les 505 espèces qui sont considérées comme étant endémiques.

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1. http://www.bbc.co.uk/mundo/noticias/2011/10/111006_orquidea_mexico_extincion_an.shtml

2. http://anuario.upn.mx/index.php/noticias-educativas/2011/639-la-cronica/44621-desaparecen-24-especies-de-orquideas-los-ultimos-50-anos.html

3. Il s’agit d’une forme de Laelia anceps f. chilapensis Soto Arenas.

lundi 31 octobre 2011

Pogonia ophioglossoides - Fiche complète

Pogonia ophioglossoides (Linnaeus) Ker Gawler

Bot. Reg. 2: t. 148 (1816)

synonymes :

Arethusa ophioglossoides L., Sp. Pl.: 951 (1753).

Arethusa parviflora Michx., Fl. Bor.-Amer. 2: 160 (1803).

Pogonia pendula Lindl., Bot. Reg. 11: t. 908 (1825).

Pogonia ophioglossoides f. albiflora E.L.Rand & Redfield, Fl. Mt. Desert Isl.: 152 (1894).

Pogonia ophioglossoides var. minor Makino, Bot. Mag. (Tokyo) 12: 103 (1898).

Pogonia ophioglossoides var. brachypogon Fernald, Rhodora 23: 245 (1922).

Répart
ition de l’espèce



Source : http://plants.usda.gov/maps/large/PO/POOP.png

Est et centre du Canada : Manitoba, Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve.

Est des États-Unis : Illinois, Minnesota, Missouri, Dakota du Nord, Oklahoma, Connecticut, Indiana, Maine, Massachusetts, Michigan, New-Hampshire, New Jersey, Ohio, Pennsylvanie, Rhode Island, Vermont, Virginie-Occidentale, Texas, Alabama, Arkansas, Delaware, Floride, Georgie, Kentucky, Louisiane, Maryland, Mississippi, Caroline du Nord, Caroline du Sud, Tennessee, Virginie, et Washington (District de Columbia)

Dans la liste de contrôle maintenue par les Jardins botaniques royaux de Kew (World checklist of selected plant families), 5 espèces sont reconnues comme appartenant au genre Pogonia [étymologie : du grec pogonias, barbu, en référence à la crête poilue du labelle]:

Pogonia japonica Rchb.f., Linnaea 25: 228 (1852).

Pogonia minor (Makino) Makino, Bot. Mag. (Tokyo) 23: 137 (1909).

Pogonia trinervia (Roxb.) Voigt, Hort. Suburb. Calcutt.: 632 (1845).

Pogonia yunnanensis Finet, Bull. Soc. Bot. France 44: 419 (1897).

et

Pogonia ophioglossoides

Source: http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3f/Pogonia_ophioglossoides_Orchi_01.jpg

Du genre Pogonia, seule P. ophioglossoides est présente en Amérique. On trouve les autres espèces dans des régions tempérées d’Asie.Habitat : tourbières, endroits sablonneux et humides.Plante : tige de couleur verte ou brun-vert, glabre (lisse) , mesurant de 15 à 35 cm (parfois jusqu'à 70 cm) de hauteur, s'élevant d'un faisceau de racines fibreuses ayant des stolons.

L’éphithète ophioglossoides (du grec :
ophis, serpent ; glossa : langue ; eidos : forme) fait référence à la forme de la fleur dont le nom commun en français est d’ailleurs “pogonie langue-de-serpent”.

Feuilles : Obtuses à subaiguës, de texture quelque peu charnue, uniques, vers le milieu de la tige, ovées à elliptiques ou largement ovées-lancéolées mesurant de 3 à 10 cm (2 à 12 cm) de longueur, d’un à 2.5 cm (1 à 3 cm) de largeur.

Fleurs : Uniques (parfois deux ou trois) de couleur rose, au sommet de la tige.

Fleur sous-tendue par une bractée elliptique à lancéolée, foliacée, mesurant de 1.5 à 4 cm (1 à 3 cm) de longueur par 6 à 15 mm (3 à 8 mm) de largeur.

Sépales roses, elliptiques, mesurant de 1.5 à 2.4 cm de longueur et de 2 à 5 mm de largeur.

Pétales roses, elliptiques, mesurant de 1.5 à 2 cm de longueur par 5 à 10 mm de largeur.

Sépales et pétales largement arrondis à l'apex.

Il existe une forme de couleur blanche.

Labelle spatulé, mesurant de 1.5 à 2 cm (1.5 à 2.5 cm) de longueur par 5 à 10 mm (8 à 10) de largeur, rétréci à sa base.

Marge du labelle bordée de poils charnus.

Centre du labelle jaune, portant plusieurs rangées de poils, généralement roses, les poils marginaux d'un rose pourpre plus sombre ou magenta, les poils centraux jaunes; occasionnellement, tous les poils sont de couleur rose ou magenta.

Légèrement parfumées, l'odeur rappelant celle de framboises.

Pollinisation par les bourdons.

Floraison : du mois de juin au mois d'août.

L’espèce croît généralement en grandes colonies plutôt diffuses en raison de son mode de propagation. Les plantes lancent de minces et longs stolons à travers les couches supérieurs de la sphaigne. Des bourgeons adventifs se forment le long de ces stolons, ce qui conduit à la formation de nouvelles plantes.

Habitat : sols acides, tourbières à sphaigne, terrains sablonneux humides, fossés bas, marais, bord des bois et des ruisseaux, tant en plein soleil qu'à l'ombre partielle.