samedi 9 juin 2012


Au Canada
coupures budgétaires et
conservation des orchidées

par Viateur Boutot

En avril 2012, le principal organisme subventionnaire de la science au Canada, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada [CRSNG] a annoncé, que “Dans le cadre des efforts du gouvernement du Canada afin de rétablir l’équilibre budgétaire, le CRSNG n’acceptera aucune nouvelle demande de subvention d’appui aux ressources majeures (ARM). Les engagements pour les versements en cours seront respectés, mais un moratoire sera imposé sur le Programme d’ARM.”1
La scientifique, Lynne Sigler, de l’University of Alberta, montre un spécimen du champignon micorhizien Cetatorhiza utilisé pour la reproduction d’espèces d’orchidées indigènes.
En décrétant un moratoire sur les  subventions accordées aux institutions de recherche et aux chercheurs, le gouvernement conservateur du Canada s’attaque à l’avancement des sciences, bloquant la formation de milliers de scientifiques. Ces réductions de l’appui à la recherche ont notamment une influence négative sur la reproduction d’espèces indigènes au pays.

Ainsi, à Edmonton, à l’Université de l’Alberta, les subventions fédérales ont permis jusqu’à maintenant la conservation d’une vaste collection d’organismes vivants, notamment des champignons mycorhiziens favorisant le développement d’orchidées indigènes.2   La collection de champignons microscopiques et l’herbarium de l’Université de l’Alberta ont été maintenus depuis plus de 50 ans. 

Depuis 1990, la collection considérée comme une ressource nationale exceptionnelle a été jugée digne de recevoir l’appui financier du gouvernement fédéral. Plus maintenant. Comme des douzaines d’institutions et Pachacamacde ressources vouées à la recherche scientifique, la collection est touchée par les coupures imposées par le gouvernement central. 

Dans la communauté scientifique canadienne, on considère que la décision de réduire ou d’éliminer les subventions à la recherche constitue un véritable désastre. Pour la scientifique de l’Université de l’Alberta, Lynne Sigler, responsable de la gestion de la collection de cellules souches d’organismes vivants dont le nombre atteint 11 500, les coupures imposées par le gouvernement fédéral deviennent une question de vie ou de mort.

Le moratoire sur les subventions touche brutalement le programme de maintien de la collection de l’Université de l’Alberta, la subvention annuelle accordée par le CRSNG permettant de défrayer le salaire d’un technicien et l’acquisition de matériel  nécessaire à la survie des milliers de champignons de la collection. À moins que le moratoire ne soit annulé, les fonds du programme s’épuiseront en mars 2013 et ce sera la fin de la collection d’organismes vivants.

Depuis Edmonton, madame Sigler collabore avec des scientifiques de la Smithsonian Institution, basée à Washington, en vue de la création d’un centre de conservation des orchidées. Les collègues des États-Unis ont fait appel à la scientifique canadienne en raison de l’existence, en Alberta, de la plus grande collection nord-américaine de champignons micorhiziens du sol qui contribuent à la croissance d’orchidées indigènes.

Si la scientifique garde l’espoir qu’une solution garantissant la survie des organismes soit trouvée au Canada, en dépit des restrictions budgétaires découlant du moratoire du CRSNG, elle  envisage la possibilité que la collection de l’Université de l’Alberta soit cédée à des chercheurs américains afin que les organismes soient maintenus en vie et demeurent disponibles, au plan international,  pour la conduite de recherches scientifiques.


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