samedi 12 décembre 2015

Sobralia uribei P. Ortiz



par Viateur Boutot

Dans une présentation sur affiche, au VIIIe Congrès colombien de botanique, tenu à Manizales, du 2 au 6 août 2015, les chercheurs Adriana Carolina Aguirre Morales, Oscar Iban Hernández Castañeda et Miguel Macgayver Bonilla Morales1 ont fait état de leurs recherches sur l'espèce Sobralia uribei dont la première description, par le taxinomiste Pedro Ortiz Valdivieso, a été publiée en 19942.

Dans leur présentation intitulée ‘Distribución y preferencias climáticas de Sobralia uribei (Orchidaceae) : una especie endémica de Santander, Colombia’, les scientifiques font ressortir que les populations de cette orchidée occupent un territoire restreint et indiquent dans quelles conditions climatiques cette espèce évolue. De plus, ils précisent le statut de conservation de cette orchidée endémique.

Trente-cinq pour cent des espèces d'orchidées de Colombie sont endémiques.
Dans le département de Santander, où l'on a recensé 581 orchidées, on compte 29 espèces endémiques dont Sobralia uribei. Dans le Santander, une région montagneuse des Andes, l'altitude varie de 250 à 4 000 m et les températures vont de 6 à 30 °C.
En teintes de brun : localisation du département de Santander.

Source de l'illustration : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/00/Colombia-deps-santander.svg/langfr-800px-Colombia-deps-santander.svg.png


Sobralia uribei dont les seules populations ont été recensées dans le département de Santander, au nord-est de la Colombie, fait partie des quarante-sept espèces du genre Sobralia présentes dans le pays, 19 de ces orchidées étant endémiques.

Sobralia uribei a été observée par les auteurs, à la fin de 2014, en bordure d'une route dans le municipio de Contratación, au sud-est du département de Santander, à 84 km de la localité type, Mesa de los Santos, dans la cordillère Orientale. En se basant sur les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les chercheurs précisent que l'espèce est menacée, étant considérée en danger critique. En raison de l'avancée de la frontière agricole, la déforestation, les activités minières et d'autres pratiques anthropogéniques, la survie de l'espèce est incertaine,

Les auteurs de l'étude estiment que Sobralia uribei a une distribution potentielle dans divers municipios4 du département de Santander, sa présence probable se situant à des altitudes variant de 1 500 à 2 500 m où prévalent des températures allant de 14 à 23°C5.
Les précipitations, au cours des mois de décembre et janvier, de même qu'en mars et avril, favorisant la floraison de l'espèce, ce sont les moments de l'année qui seraient les plus favorables à de nouvelles observations de l'espèce in situ. Les précipitations à ces moments de l'année se situent entre 100 et 150 mm.
Le travail de terrain, comme le soulignent les auteurs, permet non seulement de connaître mieux les espèces et leur habitat mais également de mener des actions permettant leur conservation.


Illustratrice :
Adriana Carolina Aguirre Morales.


Dans le cadre de cette recherche, une distribution potentielle de l'espèce a été établie. En passant en revue les données de collecte notées dans différents herbiers, les chercheurs ont recueilli les coordonnées géographiques de spécimens de l'espèce. Par la suite, en tenant compte des préférences climatiques de S. uribei disponibles dans la base de données WorldClim, les scientifiques ont eu recours au logiciel Diva-GIS pour une projection leur permettant de prévoir des sites où des populations de l'espèce pourraient être trouvées. Selon les résultats obtenus, des sous-populations de l'orchidée pourraient être présentes dans d'autres municipios, à des altitudes se situant entre 1 500 et 2 600 m. Les auteurs de l'étude soulignent que, pour localiser des sous-populations de l'espèce de même que pour une meilleure gestion et conservation des orchidées endémiques, in situ et ex situ – par reproduction in vitro –, des excursions de terrain sont urgentes et nécessaires.

Les qualités de cette recherche et de sa diffusion au Congrès colombien de botanique ont été soulignées par l'attribution d'un prix pour une affiche élaborée par des étudiants gradués3.


Lorenzo Uribe a effectué la première collecte de Sobralia uribei, le 4 avril 1961, à une altitude de 1 600 m à la Mesa de los Santos (Santander). Vingt ans plus tard, Pedro Ortiz a fait une nouvelle collecte de l'espèce, au même endroit. Il signalait alors que cette orchidée, qui peut atteindre une taille de près d'un mètre et demi et dont les fleurs sont de rapide sénescence, avait survécu malgré la destruction croissante de son milieu naturel.

Source de la photo : photographie par Pedro Ortiz, publiée dans Orquideología 19 (3) : 8 (1994).


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1  Ces scientifiques sont membres du Grupo de Investigación en Orquídeas, Ecología y Sistemática Vegetal de l'Université nationale de Colombie, constituante de Palmira.
2  Orquideología 19 (3) : 10 (1994).
Le nom choisi pour l'espèce rend hommage au professeur de botanique du taxinomiste, Antonio Lorenzo Uribe Uribe.
3  'Mejor cartel de estudiante de postgrado'.
4  Municipio : en Colombie, une subdivision décentralisée de troisième niveau, après le niveau national et le niveau départemental.
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