samedi 12 décembre 2015

Le pillage conduit à l'extinction d'espèces

En Caroline du Sud

par Viateur Boutot

La perte de populations d'orchidées est le résultat d'un ensemble de facteurs environnementaux et d'interventions humaines dans l'habitat. Aux perturbations dans l'habitat, qui contribuent à la disparition progressive d'espèces d'orchidées, s'ajoute la menace du pillage. Des amateurs d'espèces sauvages signalent que la collecte intempestive est en hausse dans la forêt nationale Francis Marion1, un habitat côtier de la région de Lowcountry, en Caroline du Sud.

La forêt nationale Francis Marion est située au nord de Charleston, en Caroline du Sud.
Source de l'image : http://wciv.images.worldnow.com/images/21827628_BG1.JPG


Une autre orchidée, Platanthera integrilabia, une espèce de région montagneuse, est disparue de plusieurs sites en raison du pillage. Il y a quelques années, cette espèce était encore présente en Caroline du Sud dans un site gardé secret. Toutefois, elle n'a pas été observée depuis le début des années 2000, alors qu'une période de sécheresse a touché l'habitat.

Des spécimens de Platanthera ciliaris sont extraits de leur habitat à un tel rythme que des naturalistes ont choisi de garder le secret sur les sites où l'espèce a été observée et refusent de parler du pillage, de crainte de contribuer à l'augmentation de cette pratique. Un orchidophile de la région, John Brubaker, a constaté de récents actes de pillage et indique avoir rencontré des amateurs d'orchidées venus d'Allemagne et de France dans les sites où P. ciliaris est particulièrement abondante. Cette orchidée, dont on avait établi la présence dans neuf sites, dans la forêt Francis Marion, demeure introuvable depuis cinq ans.
Source de la photo : http://www.jfowlerphotography.com/?p=3754


Selon un inventaire effectué par le Service forestier du département de l'Agriculture des États-Unis, il y a 32 espèces d'orchidées dans la forêt Francis Marion. Au moins une demi-douzaine de ces espèces font l'objet d'une attention particulière puisque leur population est en déclin.

Les orchidées ont besoin d'un mélange particulier de nutriments dans le sol et d'autres conditions spécifiques dans leur habitat pour se développer. Une orchidée extraite du sol, vraisemblablement, ne survivra pas ex situ. Les spores d'une orchidée peuvent rester en dormance pendant des années, jusqu'à ce que des conditions propices à leur développement se manifestent. Ainsi, l'enlèvement de grandes quantités de sol où les plantes sont trouvées contribue à la disparition des espèces.

John Brubaker estime que si la détermination d'un statut d'espèce menacée n'est pas sans importance, cette mesure pourrait ne pas être suffisante pour empêcher la disparition d'une orchidée. Il considère qu'il serait plutôt opportun de déclarer que des sites sont menacés lorsqu'ils sont l'habitat d'espèces dont la survie est en danger.
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1 http://www.postandcourier.com/article/20150926/PC16/150929512/1005/poachers-seizing-rare-x2018-on-the-brink-x2019-native-plants

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Cambriolage de nectar sans pollinisation

Au Dakota du Nord

par Viateur Boutot

C'est la voie du vandalisme que suivent des abeilles et des sphinx pour avoir accès au nectar de fleurs d'orchidée¹. Les insectes cambrioleurs utilisent deux techniques. Des sphinx ayant un long proboscis extraient le nectar par l'ouverture naturelle de la fleur alors que des bourdons pratiquent une fente ou un trou, dans l'éperon.

Ces comportements rapineurs, s'ils illustrent l'ingéniosité des insectes, peuvent toutefois mettre en danger la survie de certaines orchidées. Ainsi, des scientifiques de l'Université d'État du Dakota du Nord (NDSU) indiquent que ce type de prélèvement de nectar constitue une menace, notamment, pour Platanthera praeclara. L'extraction de nectar par des insectes sans captation de pollen constitue une en-torse au processus de pollinisation nécessaire à la reproduction de l'espèce. Le dommage causé par un insecte captant le nectar, sans que la pollinisation ne soit effectuée, conduira éventuellement à la mort de la fleur de l'orchidée.

Les longs proboscis des sphinx leur permettent d'extraire du nectar sans qu'il y ait dépôt de pollen sur leur abdomen.
Source de la photo :
http://cdnph.upi.com/sv/b/i/UPI-9351443710364/2015/1/14437171562138/Study-Moths-and-bees-are-stealing-nectar-from-a-rare-orchid.jpg

Pour l'observation de ce phénomène, des entomologistes ont installé des filets et des pièges lumineux au dessus des orchidées étudiées. Cette technique a permis la capture de sphinx et de bourdons qui s'étaient livrés au vol de nectar.

En étudiant l'extraction de nectar par des insectes, sans qu'il y ait pollinisation, les scientifiques cherchent à déterminer la portée de ce comportement sur la diminution des populations d'orchidées. Si le vol de nectar par des sphinx est de grande ampleur, dans le contexte du réchauffement de la planète qui conduit à l'extension de l'aire de distribution des sphinx vers le Nord, il s'agirait d'une menace additionnelle à la survie des populations de Platanthera praeclara.

Un des chercheurs de la NDSU, Marion Harris, s'inquiète de l'impact négatif du vol de nectar sur l'orchidée si celui-ci va croissant d'une année à l'autre ou se produit chaque année en conséquence de la migration des sphinx qui, auparavant, vivaient plus au sud.

Dans une étude, des chercheurs de l'université du Dakota du Nord font remarquer que, plus au sud, dans les États de l'Okla-homa et du Missouri, P. praeclara est disparue ou est devenue rare au cours des 20 dernières années alors que, dans cette région, l'aire de distribution de l'orchidée coïncide avec celle des sphinx les plus communs, M. quinguemaculata et M. sexta.
Source de la photo : http://m5.i.pbase.com/g1/08/890008/2/128753155.tTZi7UiE.jpg

Dans leur recherche sur les insectes voleurs de nectar qui a été menée sur une période de 11 ans, les entomologistes ont notamment attrapé et identifié deux sphinx s'attaquant aux fleurs de l'orchidée, Agrius cingulata et Manduca quinquemaculata², deux espèces peu communes dans le Dakota du Nord³. Aucun pollen n'a été trouvé sur le corps des spécimens capturés, ces deux insectes ayant un proboscis suffisamment long pour avoir accès au nectar sans entrer en contact avec le pollen de la fleur.

En plus des sphinx, 8 bourdons ont été capturés dans les pièges posés par les chercheurs. Certains bourdons ont des mâchoires avec lesquelles ils coupent latéralement l'éperon floral pour se donner accès au nectar et l'extraire, sans être couverts de pollen.

Les résultats de la recherche menée par l'équipe de la NDSU sont pertinents à la conservation des orchidées, en particulier dans le cas d'espèces menacées comme Platanthera praeclara. Marion Harris, un des auteurs de l'étude, souligne que les scientifiques qui s'intéressent à la protection de la flore consacrent la majeure partie de leurs recherches à évaluer l'impact de divers facteurs sur les populations de plantes rares.

Si la perte de l'habitat est considérée comme ayant une importance majeure sur la diminution voire la disparition des populations de certaines espèces, la pollinisation joue également un rôle déterminant dans la survie et le développement des populations.


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1 http://www.upi.com/Science_News/2015/10/01/Study-Moths-and-bees-are-stealing-nectar-from-a-rare-orchid/9351443710364/
2 Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue Annals of the Entomological Society of America.
http://aesa.oxfordjournals.org/content/early/2015/09/30/aesa.sav093
3 http://entomologytoday.org/2015/10/01/nectar-robbers-and-thieves-are-harming-orchids-in-north-dakota/

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Un statut de protection pour Platanthera integrilabia

par Viateur Boutot

Il aura fallu attendre quarante ans pour qu'un statut de conservation de Platanthera integrilabia soit établi. L'espèce a d'abord été portée à l'attention du Fish and Wildlife Service (FWS) en 1975 avec la publication d'un rapport que cette agence fédérale avait commandé à la Smithsonian Institution1.

Depuis, l'éventuelle inscription de l'orchidée dans une liste d'espèces menacées auxquelles une attention particulière devrait être apportée afin d'en assurer la survie a été constamment remise à plus tard. Ces délais ont été justifiés par le manque de données sur sa vulnérabilité et les menaces auxquelles elle était exposée de même que les priorités d'inscription pour d'autres espèces.

En 2011, le Center for Biological Diversity et d'autres organismes voués à la défense de l'environne-ment en sont arrivés à un accord avec le FWS stipulant que des déterminations de statut de conserva-tion pour 757 espèces dont Platanthera integrilabia devaient être complétés en 2018.

Récemment, l'organisme fédéral proposait d'inclure l'espèce dans la liste des espèces menacées avec le statut de plante 'en danger'2. Une telle désignation indique que l'espèce n'est pas considérée comme étant sur le point de disparaître mais que cette possibilité existe, à plus ou moins long terme.

En attribuant un statut d'espèce 'en danger' à l'orchidée et en l'inscrivant dans la liste des espèces menacées, en vertu des dispositions de la loi en vigueur aux États-Unis depuis 19733, le FWS reconnaît la gravité des menaces pesant sur l'espèce et souhaite que cette détermination sonne l'alerte et suscite des efforts de conservation accrus afin que la situation des populations évolue de façon positive au lieu de continuer à se détériorer.

L'agence de protection fédérale indique que, sans gestion appropriée, l'aire de distribution de cette orchidée serait progressivement réduite et le nombre de plantes de cette orchidée continuerait vraisemblablement de diminuer. Le public était invité, jusqu'à la mi-novembre, à faire part de ses commentaires au FWS sur cette détermination.

Menaces à la survie de l'espèce


L'interdépendance étroite de l'orchidée avec son habitat contribue à sa fragilité. La conservation de Platanthera integrilabia est particulièrement préoccupante en raison des conditions de survie de ses populations qui sont isolées, de taille réduite et en déclin.

L'espèce est soumise à différentes menaces : la destruction ou la perturbation de son habitat, les pratiques d'exploitation forestière, les changements au débit de l'eau, le broutage par des animaux sauvages, la collecte intempestive et la présence de plan-tes envahissantes.

L'espèce croît dans des milieux marécageux qui peuvent être altérés par le drainage de marais, la destruction de barrages de castors ou la construction de bassins qui modifie la ligne de partage des eaux.

Par ailleurs, la conversion des forêts de bois dur pour la monoculture de pins modifie irrémédiable-ment l'habitat de l'espèce. De plus, le broutement par les cerfs de Virginie et les porcs sauvages constitue une entrave sérieuse au développement de jeunes plantes.

La construction de rampes d'accès routier, la tonte de l'herbe en bordure de la chaussée et la vaporisation d'herbicides contribuent également à la détérioration de l'habitat.

Pollinisation et relation mycorhize

Les changements climatiques qui touchent l'habitat par la sécheresse représentent des menaces pour le champignon et les pollinisateurs avec lesquels l'espèce est en relation étroite ; elle en dépend pour sa reproduction et son développement.

La germination des graines de cette orchidée, dispersées par le vent, et les débuts de la croissance des jeunes plantes se font en symbiose avec une seule espèce de champignon.


Collecte intempestive

Quelques cas de pillage ont été répertoriés malgré la difficulté voire l'impossibilité de cultiver Platanthera integrilabia ex situ. Ainsi, en 2014, des biologistes du FWS ont noté la perte de 52 plantes de l'espèce collectées dans une population croissant en bordure d'une route au Tennessee.


L'espèce Platanthera integrilabia croît dans des sols humides de marais, au sud-est des États-Unis. Cette orchidée, étiolée et fragile, pouvant atteindre de 50 à 80 cm, ne peut être identifiée que durant le mois d'août alors qu'elle est en fleurs.
La pollinisation de Platanthera integrilabia est effectuée par trois espèces de papillons : Papilio glaucus, Papilio troilus et Epargyreus clarus.

Source de la photo : http://www.biologicaldiversity.org/news/press_releases/2015/images/WhiteFringelessOrchid_USFWS.jpg


La désignation de l'état critique d'une espèce mène à la publication de cartes et d'une description de
son habitat dans un registre fédéral4 accessible au public. Toutefois, afin d'éviter de favoriser la collecte intempestive de Platanthera integrilabia, les responsables fédéraux ne fournissent pas de données précises sur la localisation des populations de l'orchidée, se limitant à indiquer qu'elle a été répertoriée dans 58 sites, au sud-est du pays. Dans plus d'un tiers de ces sites, la survie de l'espèce est précaire.

Un peu plus de la moitié des habitats sont situés sur des terres publiques. Au moins deux autres sites sur des terres privées ont fait l'objet d'ententes de conservation.


Les populations de Platanthera integrilabia, espèce éteinte en Caroline du Nord, sont en déclin, isolées et soumises à diffé-rentes menaces dans son aire de distribution qui s'étend des États de l'Alabama, du Tennessee, du Kentucky et de Georgia jusqu'au Mississippi. La présence de l'espèce a été signalée en Caroline du Sud mais n'a pas été confirmée. On trouve des populations de cette orchidée sur les plateaux de Cumberland et Blue Ridge, dans les montagnes Appalaches, dans la plaine côtière et la région de Piedmont, entre les Appalaches et la plaine côtière.

La majorité des populations de Platanthera integrilabia sont concentrées dans le Tennessee où, toutefois, la plupart des sites comptent moins de 100 plantes de l'espèce. Par ailleurs, dans 37 pour cent des sites étudiés, moins de 10 plantes en fleurs ont été identifiées.
Dans 60 pour cent des sites où l'orchidée a été observée, en période de floraison, l'espèce présentait peu de fleurs.

Source de la photo


La mise en oeuvre de mesures de protection dans la suite de la détermination du statut de l'espèce aura des conséquences positives sur l'habitat, les marais du Sud-Est du pays qui sont riches en biodiversité.
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1 http://www.courthousenews.com/2015/09/15/rare-orchid-gets-listing-nod-after-40-year-wait.htm
2 https://nycnews.net/content/283206-fws-proposes-adding-white-fringeless-orchid-threatened-endangered-list
3 Endangered Species Act of 1973
http://www.epw.senate.gov/esa73.pdf
4 https://www.federalregister.gov/endangered-threatened-species
http://www.biologicaldiversity.org/news/press_releases/2015/white-fringeless-orchid-09-14-2015.html

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Des espèces de Cuba pour la Floride


Réintroduction d'orchidées dans le parc Fakahatchee Strand

par Viateur Boutot

On trouve 40 orchidées dans la réserve naturelle du parc Fakahatchee Strand, en Floride, soit le plus grand nombre d'espèces dans une région des États-Unis. Toutefois, en conséquence d'actes de pillage et de la destruction d'habitat, certaines orchidées sont aujourd'hui disparues.

Localisation du Fakahatchee Strand Preserve State Park, au sud-ouest de la Floride (en bleu). La superficie du parc atteint près de 345 km².1


L'exploitation forestière a été très dommageable pour le parc Fakahatchee Strand. Entre les années 1940 et 1950, la majorité des cyprès de la forêt ancienne ont été abattus. Toutefois, après que la réserve ait été déclarée 'parc de l'État', en 1974, le marais et les cyprès, qui sont maintenant de taille imposante, sont en bonne voie de rétablissement.

Le biologiste du parc, Mike Owen, signale que l'écosystème de la réserve s'est formé il y a environ 5 000 ans. Aux États-Unis, ce type de marais linéaire, peu profond, existe seulement en Floride et celui du parc est l’étendu. L'eau du lac Okeechobee se draine, vers le Sud, à travers les sols où croissent des cyprès pouvant atteindre 30 m et formant une canopée dense.


Au cours des dernières années, des scientifiques se sont consacrés à la reproduction et à la réintroduction d'espèces à partir de spécimens trouvés dans le parc Fakahatchee Strand.Des orchidées aujourd'hui disparues de la réserve pourront être réintroduites grâce à la collaboration de scientifiques cubains, ces orchidées étant présentes dans des habitats de l'île des Caraïbes2.
Source de la photo (découpée) :
http://mediad.publicbroadcasting.net/p/shared/npr/styles/x_large/nprshared/201511/455568689.jpg





Cyrtopodium punctatum
Deux espèces, reproduites in vitro, ont été réintroduites dans le parc et se sont bien établies.

Ainsi, le projet de restauration de l'espèce Cyrtopodium punctatum dont la réalisation a nécessité d'intenses efforts...

En partenariat avec le jardin botanique d'Atlanta, sur une période de dix ans, les scientifiques du parc Fakahatchee Strand, ont récolté des graines in situ, procédé à des semis en laboratoire et cultivé les plantes qu'ils ont ensuite réintroduites dans différents secteurs du parc. Cette entreprise a été couronnée de succès puisque que, en plus des 17 spécimens trouvés dans la réserve, cette orchidée étant auparavant au bord de l'extinction, on compte maintenant des centaines de plantes de l'espèce dans le parc.









Par ailleurs, deux autres espèces, Bulbophyllum pachyrachis et Epidendrum acunae, dont la présence autrefois, dans le parc Fakahatchee Strand, a été établie sont aujourd'hui introuvables dans la réserve.
Sources des photos :
1) http://goorchids.s3.amazonaws.com/taxon-images-239x239/Orchidaceae/bulbophyllum-pachyrachis-fl-rhammer.jpg

2)http://www.epidendra.org/taxones/Epidendrum/Epidendrum%20acunae/Karremans%201486%20.jpg *découpe+




Prosthechea boothiana

Un projet semblable pour assurer le développement des populations de Prosthechea boothiana, une espèce également menacée, a également débouché sur des résultats positifs.
Source de la photo :

Avec passion, un biologiste de la Commission de conservation de la flore de la Floride, Dennis Giardi-na, et son collègue de la réserve, Mike Owen, ont cherché en vain à localiser ces deux orchidées dans le parc Fakahatchee Strand.

Étant raisonnablement convaincus de l'extinction de l'espèce dans la région explorée et, confiant en la possibilité de reproduire cette espèce à partir de graines, Dennis Giardina a sollicité, à l'occasion d’un congrès scientifique, il y a trois ans, la coopération de collègues de Cuba où, à environ 300 km, les deux orchidées sont présentes en milieu naturel, à l'ouest de l'île, et également cultivées par les scientifiques. Ces derniers ont accepté de collaborer avec les collègues étatsuniens qui, même en sachant qu'il leur faudra dix ans, voire davantage pour voir fleurir ces espèces en Floride, envisagent avec enthousiasme la possibilité de mettre en oeuvre le processus de res-tauration de ces orchidées dans le parc Fakahatchee Strand.

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1  85 000 acres. http://www.npr.org/2015/11/10/455510053/scientists-work-with-cuba-to-bring-lost-orchids-back-to-florida-state-park


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Sobralia uribei P. Ortiz



par Viateur Boutot

Dans une présentation sur affiche, au VIIIe Congrès colombien de botanique, tenu à Manizales, du 2 au 6 août 2015, les chercheurs Adriana Carolina Aguirre Morales, Oscar Iban Hernández Castañeda et Miguel Macgayver Bonilla Morales1 ont fait état de leurs recherches sur l'espèce Sobralia uribei dont la première description, par le taxinomiste Pedro Ortiz Valdivieso, a été publiée en 19942.

Dans leur présentation intitulée ‘Distribución y preferencias climáticas de Sobralia uribei (Orchidaceae) : una especie endémica de Santander, Colombia’, les scientifiques font ressortir que les populations de cette orchidée occupent un territoire restreint et indiquent dans quelles conditions climatiques cette espèce évolue. De plus, ils précisent le statut de conservation de cette orchidée endémique.

Trente-cinq pour cent des espèces d'orchidées de Colombie sont endémiques.
Dans le département de Santander, où l'on a recensé 581 orchidées, on compte 29 espèces endémiques dont Sobralia uribei. Dans le Santander, une région montagneuse des Andes, l'altitude varie de 250 à 4 000 m et les températures vont de 6 à 30 °C.
En teintes de brun : localisation du département de Santander.

Source de l'illustration : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/0/00/Colombia-deps-santander.svg/langfr-800px-Colombia-deps-santander.svg.png


Sobralia uribei dont les seules populations ont été recensées dans le département de Santander, au nord-est de la Colombie, fait partie des quarante-sept espèces du genre Sobralia présentes dans le pays, 19 de ces orchidées étant endémiques.

Sobralia uribei a été observée par les auteurs, à la fin de 2014, en bordure d'une route dans le municipio de Contratación, au sud-est du département de Santander, à 84 km de la localité type, Mesa de los Santos, dans la cordillère Orientale. En se basant sur les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les chercheurs précisent que l'espèce est menacée, étant considérée en danger critique. En raison de l'avancée de la frontière agricole, la déforestation, les activités minières et d'autres pratiques anthropogéniques, la survie de l'espèce est incertaine,

Les auteurs de l'étude estiment que Sobralia uribei a une distribution potentielle dans divers municipios4 du département de Santander, sa présence probable se situant à des altitudes variant de 1 500 à 2 500 m où prévalent des températures allant de 14 à 23°C5.
Les précipitations, au cours des mois de décembre et janvier, de même qu'en mars et avril, favorisant la floraison de l'espèce, ce sont les moments de l'année qui seraient les plus favorables à de nouvelles observations de l'espèce in situ. Les précipitations à ces moments de l'année se situent entre 100 et 150 mm.
Le travail de terrain, comme le soulignent les auteurs, permet non seulement de connaître mieux les espèces et leur habitat mais également de mener des actions permettant leur conservation.


Illustratrice :
Adriana Carolina Aguirre Morales.


Dans le cadre de cette recherche, une distribution potentielle de l'espèce a été établie. En passant en revue les données de collecte notées dans différents herbiers, les chercheurs ont recueilli les coordonnées géographiques de spécimens de l'espèce. Par la suite, en tenant compte des préférences climatiques de S. uribei disponibles dans la base de données WorldClim, les scientifiques ont eu recours au logiciel Diva-GIS pour une projection leur permettant de prévoir des sites où des populations de l'espèce pourraient être trouvées. Selon les résultats obtenus, des sous-populations de l'orchidée pourraient être présentes dans d'autres municipios, à des altitudes se situant entre 1 500 et 2 600 m. Les auteurs de l'étude soulignent que, pour localiser des sous-populations de l'espèce de même que pour une meilleure gestion et conservation des orchidées endémiques, in situ et ex situ – par reproduction in vitro –, des excursions de terrain sont urgentes et nécessaires.

Les qualités de cette recherche et de sa diffusion au Congrès colombien de botanique ont été soulignées par l'attribution d'un prix pour une affiche élaborée par des étudiants gradués3.


Lorenzo Uribe a effectué la première collecte de Sobralia uribei, le 4 avril 1961, à une altitude de 1 600 m à la Mesa de los Santos (Santander). Vingt ans plus tard, Pedro Ortiz a fait une nouvelle collecte de l'espèce, au même endroit. Il signalait alors que cette orchidée, qui peut atteindre une taille de près d'un mètre et demi et dont les fleurs sont de rapide sénescence, avait survécu malgré la destruction croissante de son milieu naturel.

Source de la photo : photographie par Pedro Ortiz, publiée dans Orquideología 19 (3) : 8 (1994).


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1  Ces scientifiques sont membres du Grupo de Investigación en Orquídeas, Ecología y Sistemática Vegetal de l'Université nationale de Colombie, constituante de Palmira.
2  Orquideología 19 (3) : 10 (1994).
Le nom choisi pour l'espèce rend hommage au professeur de botanique du taxinomiste, Antonio Lorenzo Uribe Uribe.
3  'Mejor cartel de estudiante de postgrado'.
4  Municipio : en Colombie, une subdivision décentralisée de troisième niveau, après le niveau national et le niveau départemental.
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Recherche sur les orchidées en Colombie

par Viateur Boutot

Depuis 15 ans, à l'Université nationale de Colombie, constituante de Palmira, avec l'ambition de maintenir un réseau national de recherche sur les orchidées1, le Grupo de Investigación en Orquídeas, Ecología y Sistemática Vegetal [GIO]2, qui compte 129 chercheurs, mène des travaux qui contribuent à l'avancement des connaissances sur les espèces d'orchidées de la Colombie.


Le groupe s'est fixé comme objectif global de ‘connaître, comprendre et générer des connaissances dans les domaines de l'écologie et de la systématique végétale, par le biais de la recherche scientifique interinstitutionnelle, en vue de l'appropriation sociale et l'utilisation durable de ces savoirs’3.

Les différents volets de recherche du GIO portent exclusivement sur les orchidées :

  •  conservation des orchidées ;
  •  diversité, écologie et utilisation durable des 15 espèces indigènes du genre Vanilla présentes sur le territoire colombien4 ;
  •  aspects génétiques de la conservation et écologie moléculaire ;
  •  systématique végétale et code-barres génétique ;
  •  écologie végétale ;
  •  biologie de la reproduction végétale : étude des processus de reproduction des espèces végétales ;
  • interactions plantes-microorganismes.⁵

Chacun de ces aspects fait l'objet de projets déjà complétés, en voie de réalisation ou en cours d'élaboration. Les recherches, dans le cadre du groupe, sont menées en collaboration avec d'autres institutions6. Ces travaux s'inscrivent dans le contexte de la formation de chercheurs, au niveau de la licence, de la maîtrise et du doctorat, à l'Université nationale, à Palmira, et dans d'autres universités affiliées au groupe de recherche.

Les recherches menées par le groupe, dans les conditions sociales et économiques existantes de même que celles prévalant dans le domaine de l'agriculture, sont l'objet d'un engagement à systématiser les résultats obtenus et à les partager avec d'autres chercheurs, techniciens et floriculteurs.

Le groupe de recherche, en formant des professionnels de haut niveau, engagés dans l'enseignement, la recherche et la diffusion large des connaissances favorise le développement de la floriculture, les chercheurs proposant des stratégies adéquates aux besoins des producteurs locaux, notamment des solutions rapides et appropriées à divers problèmes qui limitent la production floricole.
Les résultats de recherche du groupe sont diffusés par divers canaux, notamment dans des revues et ouvrages spécialisés de même que la participation des chercheurs à des congrès scientifiques, au pays et à l'étranger. Ainsi, récemment, des chercheurs du groupe ont participé au VIIIe Congrès colombien de botanique, tenu à Manizales7, où ils ont fait le point sur leurs travaux.
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1  http://scienti1.colciencias.gov.co:8080/gruplac/jsp/visualiza/visualizagr.jsp?nro=00000000004181
2  https://www.facebook.com/groups/OrchidCOL/?fref=ts
3  http://www.researchgate.net/publica-tion/282910148_Grupo_de_Investigacin_en_ORQUDEAS_ECOLOGA_Y_SISTEMTICA_VEGETAL
4  Ce nombre d'espèces a été confirmé par le directeur du GIO, Joel Tupac Otero Ospina, [Diana Patricia Alvarado Solano, membre du groupe de recherche, communication personnelle, 5 novembre 2015].
5  Pour une liste détaillée des publications et d'autres activités de diffusion des connaissances liées aux recherches menées par le groupe, voir -->
http://scienti1.colciencias.gov.co:8080/gruplac/jsp/visualiza/visualizagr.jsp?nro=00000000004181
Également, pour un accès à des publications de chercheurs du GIO, consulter les sites ResearchGate [http://www.researchgate.net/] et Google Scholar [https://scholar.google.fr/]
6  Dans la conduite de ses projets de recherche, le groupe collabore avec diverses institutions universitaires, notamment, l'Université nationale de Colombie, l'Universidad Interamericana de Puerto Rico, l'Université pontificale Javeriana - constituante de Cali et l'Universidad del Pacífico.
7  Memorias: VIII Congreso Colombiano de Botánica (2 au 6 août 2015). http://www.viiicongresocolombianodebotanica.com/index.php/libro-de-resumenes.html
Voir notre article, dans ce numéro de la Gazette orchidophile, sur l'affiche présentée au congrès par des chercheurs du groupe de Palmira sur l'espèce endémique Sobralia uribei.

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Dans le Dakota du Sud et le Wyoming


Pour des zones protégées de l'exploitation de mines et de carrières

par Viateur Boutot

Faisant suite aux commentaires reçus de citoyens qui jugeaient que le Service forestier du gouverne-ment fédéral ne protégeait pas suffisamment les espèces de la forêt nationale des Black Hills, qui s'étend du sud-ouest de l'État du Dakota du Sud au nord-ouest de l'État du Wyoming, des gardes forestiers proposent que des zones soient conservées à l'état naturel en raison de leur richesse florale1.
Une botaniste affectée à la forêt des Black Hills, Chelsea Monks, signale également la présence dans cet habitat de l'espèce Cypripedium parviflorum. Elle souligne qu'un des aspects particuliers de la flore locale est la présence conjointe d'espèces qui, ailleurs, ne partagent pas un même habitat.

Avec la mise en oeuvre du plan proposé, des opérations minières ou l'exploitation de carrières seraient interdites dans 11 secteurs des Black Hills désignés ‘zones de recherche sur la Nature’ et ‘zones botaniques’2. L'intérêt des chercheurs pour la région dé-coule du fait que l'on y trouve des espèces rares qui croissent dans un environnement fragile.

Calypso bulbosa est l'une des orchidées qui bénéficieraient d'une protection dans des zones protégées de la forêt nationale des Black Hills.
Les 11 zones pour lesquelles une protection est proposée totalisent une superficie de quelque 17 000 acres, soit environ un pour cent de la forêt des Black Hills.

Fin octobre, le Service forestier a tenu des ré-unions afin d'entendre les opinions du public et continuera à recevoir les commentaires de personnes intéressées jusqu'au 23 décembre pour faire ensuite une recommandation au Bureau de gestion territoriale qui administre, au niveau fédéral, les droits miniers sur les terres publiques.
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1 http://www.kotatv.com/news/south-dakota-news/Forest-service-looks-to-protect-rare-plants/36087478
2 http://listen.sdpb.org/post/plan-protect-rare-black-hills-plants-and-research-areas#stream/0

dimanche 27 septembre 2015

De l'étude à la conservation, en Colombie



par Viateur Boutot
Espèce illustrée : Masdevallia peristeria

Le ministère de l'Environnement de la Colombie [MADS]1 a rendu public, le 5 mai 2015, un plan de conservation intitulé Plan para el estudio y la conservación de las orquídeas en Colombia2. Dans le volumineux document, les auteurs précisent que le nombre d'espèces identifiées, dont une distribution colombienne a été établie, totalise 4 270, ces orchidées étant classées dans 274 genres.

Compte tenu que la Colombie est l'un des pays les plus riches de la planète en matière de biodiversité, en raison de ses caractéristiques géographiques, topographiques et climatiques – notamment, la division des Andes en trois cordillères, sa façade sur l'océan Pacifique et son ouverture sur la mer des Caraïbes – le pays peut certes prétendre posséder sur son territoire le plus grand nombre d'espèces d'orchidées. Toutefois, dans l'état actuel des recherches sur les orchidées, un nombre comparable d'espèces collectées en Équateur ont été décrites3.

Cependant, il est fort probable que, si les conditions de recherche étaient plus favorables, un grand nombre d'espèces seraient ajoutées à la liste des orchidées présentes sur le territoire colombien. D'une part, plusieurs régions demeurent inexplorées par les chercheurs et, d'autre part, il est prévisible que des espèces, dont une distribution dans le pays voisin, l'Équateur, a été établie, soient également présentes en Colombie.
Espèce illustrée : Cyrtochilum annulare

Les auteurs du document avaient comme objectifs, en accord avec le mandat qui leur a été confié par le MADS, de répertorier les renseignements disponibles sur les espèces d'orchidées du pays et d'établir leur distribution dans les différentes régions du pays, de même que l'ampleur des menaces qui pèsent sur les populations pour, par la suite, proposer des mesures de conservation. Cette initiative découle d'une première collaboration entre le Ministère et l'Université nationale de Colombie qui, en 2013, avaient uni leurs efforts en vue de la gestion et de la conservation de certaines plantes. Dans ce cadre, est né un programme pour l'étude et la conservation des orchidées de Colombie4.

Ce programme a débouché sur le plan publié en mai qui est destiné aux autorités locales, régionales et nationales de même qu'au public. Le document est proposé comme un guide pour des actions de conservation et de protection des orchidées colombiennes dont plus de 1 500 espèces qui sont endémiques.

Menaces sur les populations

Une orchidée comme emblème floral
source de la photo : http://www.nelocactus.org/Fotos%20orquideas/Cattleya%20trianae-1.jpg
La fleur de l'espèce Cattleya trianae est généralement considérée comme emblème de la Colombie. Toutefois, une recommandation de l'Académie d'histoire colombienne, en 1936, proposant l'adoption de cette fleur comme emblème du pays, n'a jamais été suivie d'une mesure législative qui aurait consacré ce choix de façon officielle. Cependant, dans le plan d'étude et de conservation publié par le ministère de l'Environnement, les auteurs estiment que la recommandation de l'Académie confirmait l'importance de cette espèce pour le pays.
Alors qu'une grande importance est attribuée à cette orchidée comme symbole du pays, dans son ouvrage intitulé Orquídeas en la niebla, Jorge E. Orejuela Gärtner indique que 80 % de son habitat a été perdu.5
 En étudiant l'ensemble des populations d'orchidées de la Colombie en vue de l'élaboration d'un plan de conservation, les chercheurs ont établi qu'au moins 207 espèces sont menacées à des degrés divers (en danger critique, en danger ou vulnérables), selon des données publiées dans le Libro rojo de plantas de Colombia. Volumen 6.8

Les principales menaces qui pèsent sur les populations d'orchidées en Colombie sont la destruction des écosystèmes par la déforestation et la transformation des habitats.

Les orchidées de Colombie, la plupart épiphytes, ont besoin des arbres qui leur servent de support pour s'établir et se développer. Comme dans d'autres régions tropicales, en Colombie, la coupe forestière constitue une des activités humaines les plus dommageables à la survie des espèces. Ainsi, dans le département de Valle del Cauca ne subsiste que 2 pour cent du couvert végétal d'origine9.

La perte de forêts signifie également l'absence de champignons mycorhiziens qui servent à la germination des graines d'orchidées.

Selon Julio Betancur, qui a participé à l'élaboration du plan d'étude et de conservation des orchidées, la déforestation et la fragmentation des forêts colombiennes sont les facteurs les plus dommageables pour les habitats d'orchidées, en particulier dans les écosystèmes andins et les páramos. Épiphytes en majorité, les espèces de ces régions ont un fort lien de dépendance avec les arbres. La division des forêts en secteurs boisés isolés les uns des autres entraîne un manque de continuité qui réduit la mobilité des pollinisateurs et, par conséquent, la pollinisation, ce qui conduit à la disparition d'orchidées. De plus, les fumigations au glyphosate constituent une menace pour les populations d'abeilles euglossines qui pollinisent des orchidées.
Source de la photo :  http://www.asoabo.com/media/k2/items/cache/8097da6161421504ad99a7e5f09e9e69_XL.jpg
À Bogotá, la capitale colombienne, en 2003, les autorités municipales ont choisi l'espèce endémique, Odontoglossum luteopurpureum, comme emblème floral de la ville.6

Julio Betancur souligne qu'en plus de la transformation des habitats, la collecte incontrôlée d'espèces menace leur survie. L'extraction des orchidées de leur milieu naturel pour être vendues dans des marchés et des pépinières du pays contribue à la réduction des populations.

S'ajoute, à ces menaces touchant les orchidées, le réchauffement climatique. Ce phénomène météorologique de grande ampleur pourrait modifier le mouvement des couverts nuageux. En l'absence de forêts qui, dans le cycle hydrologique, jouent des rôles de capteurs et de régulateurs, l'interaction entre les nuages et les forêts est réduite ou bloquée amenant, à plus ou moins long terme, la disparition d'habitats favorables aux populations d'orchidées. Les orchidées étant sensibles aux changements dans leur environnement, les variations de températures contribuent également à la disparition de populations d'orchidées.

De l'importance des orchidées dans la biodiversité

Pour le plan d'étude et de conservation qu'ils ont élaboré, les auteurs ont divisé le territoire colombien en six régions, en tenant compte des caractéristiques propres à chacune: les régions du Pacifique, des Caraïbes, des Andes, de l'Amazonie, de l'Orénoquie et du plateau des Guyanes.
C'est dans la région andine que l'on trouve le plus grand nombre d'orchidées (2542) et 78 % des orchidées endémiques du pays, soit 944 espèces. La plus faible concentration d'orchidées dans l'Orinoquie illustre le fait qu'à une altitude dépassant à peine le niveau de la mer, les habitats sont moins propices à l'établissement et au développement des populations.
Si l'on considère les divisions politiques du territoire, c'est dans le département d'Antioquia que l'on trouve le plus grand nombre d'orchidées, soit 41 pour cent des espèces identifiées dans le pays. Suivent, quant au plus grand nombre d'espèces connues, dans l'ordre, les départements de Cundinamarca, du Valle del Cauca, du Cauca et du Chocó.
Toutefois, certains régions de Colombie demeurent en partie inexplorées malgré leur riche biodiversité. C'est le cas des départements d'Atlántico, de San Andrés et Providencia, et de Sucre. Le manque de connaissances sur les orchidées de ces départements est due à l'insuffisance des ressources monétaires, aux problèmes d'instabilité politique et à la difficulté d'accès au matériel scientifique. Le plan d'étude et de conservation vise à remédier à ces obstacles. Les auteurs du document soulignent que, parmi les limites auxquelles font face les chercheurs, la difficulté d'avoir accès à des données de collecte conservées dans des insti-tutions d'autres pays ne permet pas de déterminer la région où certaines espèces ont été trouvées, en Colombie. Parmi les départements où l'on pourrait découvrir plusieurs autres espèces qui n'ont pas encore été identifiées, Julio Betancur, conservateur de l'herbier national colombien et professeur à l'Institut des sciences naturelles de l'Université nationale de Colombie, signale que le département du Magdalena, où l'on a identifiée la présence de 214 orchidées, pourrait receler des espèces encore non classées, compte tenu de la richesse de l'écosystème de la Sierra Nevada de Santa Marta7. Le chercheur craint, toutefois, que certaines espèces puissent disparaître avant que les scientifiques ne les révèlent à la science.
En somme, la Colombie possède une immense richesse en orchidées, notamment 1 572 espèces endémiques. En consultant le plan d'étude et de conservation, on constate que ce sont les genres Epidendrum, Lepanthes, Stelis et Pleurothallis qui comptent le plus grand nombre d'espèces identifiées.

L'étude des milieux où les orchidées sont présentes amène les chercheurs à réaliser l'importance d'adopter une approche englobant non seulement la végétation mais également les animaux, les insectes et d'autres vecteurs qui contribuent à la pollinisation des orchidées. Sans ces éléments naturels, les orchidées ne peuvent ni survivre ni se reproduire. Ainsi, lorsque des espèces sont réintroduites dans la Nature, il est primordial qu'une solide connaissance du milieu appuie ces efforts afin que la pollinisation soit effective et que les populations se régénèrent.

L'étude des populations

Étape essentielle dans un but de conservation d'espèces d'orchidées, les auteurs du plan d'étude et de conservation souhaitent, dans la poursuite de leurs recherches, tenir à jour leurs connaissances sur l'état des populations d'orchidées, vérifier les estimations du nombre d'individus pour les confirmer ou, le cas échéant, les corriger. Ils souhaitent également mieux connaître les caractéristiques des habitats où les orchidées se développent, de même que l'ampleur des principales menaces pesant sur les populations afin, en bout de ligne, d'établir des stratégies de conservation ayant le meilleur potentiel d'efficacité.

Mesures de conservation

La richesse en orchidées, qui n'est pas encore totalement circonscrite en Colombie, déjà, mérite les meilleurs efforts de conservation. En plus de tenir à jour une liste d'espèces, en se basant sur des publications qu'ils jugent dignes de considération, les auteurs du plan d'étude et de conservation proposent des lignes directrices visant à la conservation des orchidées. Ils précisent les buts et actions qui doivent favoriser le maintien des espèces d'orchidées dans les éco-systèmes.

L'approche proposée comporte trois volets : connaissance, conservation et utilisation des orchidées. En plus de proposer la création de lieux de conservation, parcs et jardins botaniques, les auteurs suggèrent que les espèces les plus menacées fassent l'objet d'un programme de reproduction artificielle.

En plus des utilisations ornementales et médicinales, de même qu'en parfumerie, les scientifiques qui ont préparé le plan de conservation soulignent que les orchidées ont un rôle d'indicatrices de la santé des écosystèmes. Ainsi, la conservation des orchidées est liée à la protection d'habitats où d'autres plantes et la faune peuvent se développer.

Le plan de conservation, élaboré en fonction d'une stratégie s'étendant sur une période de 10 ans, vise, en priorité, à protéger les quelques 200 espèces d'orchidées les plus menacées et celles qui sont endémiques à la Colombie dont le nombre est présentement évalué à 1 572.

Une approche collective
Source de la photo : http://img.eltiempo.com/contenido/estilo-de-vida/ciencia/IMAGEN/IMAGEN-15762958-2.jpg
Julio Betancur, chercheur à l'Institut des sciences naturelles de l'Université nationale de Colombie, est conservateur de l'Herbier national.

Réalisant la nécessité de conjuguer les efforts pour assurer la conservation des orchidées en Colombie, le chercheur, Julio Betancur, souhaite que les producteurs d'orchidées, le milieu scientifique et les autorités législatives travaillent conjointement. Il considère que la reproduction d'espèces dans les pépinières doit obtenir l'appui des jardins botaniques et des sociétés orchidophiles afin que ces orchidées soient mises en marché, réduisant ainsi la pression des collectes dans les habitats.
Source de la photo: http://www.lapatria.com/sites/default/files/styles/620x/public/fotosgaleria/2012/Dic/2012-12-24_2a_559585.jpg?itok=YQYOrSfR
Cyrtochilum betancurii, une espèce nommée en l'honneur du scientifique. Julio Betancur, a fait l'objet d'un court article dans le numéro de mars 2013 de la Gazette orchidophile (page 7).

Par ailleurs, ajoute le scientifique, la reproduction d'orchidées, de façon large, a le potentiel de générer des retombées positives dans les communautés rurales. Les objectifs de multiplication des espèces rendent nécessaire la formation des participants aux tâches de conservation.

En plus de préparer des travailleurs aux opérations horticoles, Julio Betancur considère qu'il est essentiel d'accorder de l'importance à la formation de scientifiques pouvant contribuer à améliorer l'information taxinomique sur les orchidées de Colombie qui est encore largement déficiente. Enfin, conclut-il, des stratégies de réintroduction d'orchidées dans des habitats propices à leur développement doivent être élaborées.

L'avenir

Lorsqu'on lui demande les voies les plus prometteuses pour la conservation des orchidées en Colombie, le chercheur de l'Université nationale souligne l'importance de créer des corridors biologiques. Il souhaite, par ailleurs, que les centaines d'orchidophiles qui cultivent des espèces dans l'anonymat communiquent avec le ministère de l'Environnement ou l'Herbier national dont il est directeur pour partager les renseignements qu'ils possèdent sur les orchidées de la Colombie.
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1 Nom officiel : Ministerio de Ambiente y Desarrollo sostenible de la República de Colombia. 2 https://www.minambiente.gov.co/index.php/component/content/article?id=1772:colombia-pais-con-mayor-numero-de-especies-de-orquideas-en-el-mundo
Betancur, Julio; Helena Sarmiento ; Laura Toro-González ; Janice Valencia – Universidad Nacional de Colombia. Facultad de Ciencias. Instituto de Ciencias Naturales ; Minambiente. Dirección de bosques, biodiversidad y servicios ecosistémicos
2015 Plan para el estudio y la conservación de las orquídeas en Colombia. Bogotá D.C.: Colombie. Ministerio de ambiente y desarrollo sostenible; Universidad Nacional de Colombia. 336 p.
document disponible :
https://www.minambiente.gov.co/images/BosquesBiodiversidadyServiciosEcosistemicos/pdf/Programas-para-la-gestion-de-fauna-y-flora/PLAN_ORQUIDEAS_2015.pdf
3 Pour l'Équateur, on rapporte qu'environ 4 500 espèces d'orchidées ont été identifiées.
http://orchidsinparadise.com.au/Speaker-Jose.html
4 même que référence no 2.
5 Orquídeas en la niebla: orquídeas de los bosques nublados del suroccidente colombiano. Universidad autónoma de Occidente, Cali, 2011.
6 Acuerdo 109 de 2003 (diciembre 29) "por el cual se adopta la Orquidea Odontoglossum Luteopurpureum Lindl como la flor insignia de Bogotá Distrito Capital" http://www.alcaldiabogota.gov.co/sisjur/normas/Norma1.jsp?i=11016
Le nom accepté pour l'espèce est Oncidium luteo-purpureum (Lindl.) Beer, Prakt. Stud. Orchid.: 288 (1854).
7 http://www.eltiempo.com/estilo-de-vida/ciencia/orquideas-tienen-plan-para-estudiarlas-y-conservarlas/15762796
8 Calderón-Saenz E.
2007 Libro rojo de plantas de Colombia. Volumen 6: Orquídeas, primera parte. Serie de Libros Rojos de Especies Amenazadas de Colombia. Bogotá, Colombia. Instituto Alexander von Humboldt- Ministerio de Ambiente, Vivienda y Desarrollo territorial. 828 p.
9 http://www.colombiaaprende.edu.co/html/investigadores/1609/article-227408.html

Herbarium, iconographie et données bibliographiques


La riche documentation de la Fondation suisse pour les orchidées

par Viateur Boutot
Dans l'Herbarium Jany Renz, un spécimen de l'espèce Odontoglossum crispum Lindl.1 (no3308) collecté par Otto Renz2, à environ 2 200 m, dans le département de Santander del Sur, en Colombie, le 6 septembre 1938.

L'Université de Bâle a créé, en 2001, la Fondation suisse pour les orchidées (FSO / Schweizerische Orchideenstiftung) après s'être vue confier, en 1999, l'herbier et l'imposante collection de livres sur les orchidées du taxinomiste Jany Renz [voir notes biographiques, dans l'encadré].

Les spécimens de l'herbier de Renz de même que ceux rassemblés dans les herbiers de Bernoulli & Cario, de la Société botanique bâloise (Basler Botanische Gesellschaft) et de l'Institut de botanique de l'Université de Bâle ont été numérisés. Les quelques 25 000 images obtenues peuvent être visualisées via l'outil de recherche de la base de données de l'Herbarium Jany Renz.

Base de données iconographiques

La FSO a créé une base de données, Iconographie mondiale sur les orchidées, comprenant près de 80 000 images – numérisations de spécimens d'herbier, photographies et dessins colorés à la main. La Fondation a l'ambition de fournir, éventuellement, une documentation visuelle sur toutes les espèces d'orchidées de la planète. La base de données couvre actuellement plus de 10 000 espèces, soit environ le tiers des orchidées indigènes.
Cattleya trianae Linden & Rchb.f.
Illustration publiée dans Lindenia, Iconographie des Orchidées, 1890, planche 231

Sans détermination taxinomique

Afin d'améliorer sa base de données iconographiques, la FSO sollicite la collaboration des chercheurs afin qu'ils contribuent aux déterminations taxinomiques d'espèces à partir de 3 205 numérisations de spécimens, d'illustrations ou de photographies. Pour les images fournies, des renseignements pertinents à l'espèce sont indiqués (genre déterminé, nom du photographe ou de l'artiste, lieu et date de collecte, référence à une publication, etc.).

BibliOrchidea
Fleurs d'un spécimen collecté par Otto Renz dans le département de Cundinamarca, en Colombie - avril 1938














Présentée comme étant la plus vaste base de données bibliographiques sur les orchidées, BibliOrchidea rassemble environ 150 000 titres d'articles publiés dans des revues ou des livres, ou disponibles dans des versions de prépublication3.

 Lors du IIIe Congrès international sur la conservation des orchidées tenu à San José, au Costa Rica, en mars 2007, le botaniste et taxinomiste, Rudolf Jenny, a fait une présentation sur BibliOrchidea4. Il a alors souligné qu'il n'existait aucune autre base de données aussi exhaustive de références bibliographiques sur les orchidées.

Le scientifique reconnaît qu'après avoir établi une liste de références avec BiblioOrchidea, l'obtention de publications répertoriées peut représenter un considérable investissement en temps. Puisque l'on trouve dans BiblioOrchidea des références à des revues ou des ouvrages dont la date de publication est ancienne ou la diffusion limitée, l'utilité de la base de données dans la recherche de littérature scientifique est liée à la disponibilité des documents et ouvrages dans une bibliothèque bien pourvue en documents spécialisés.

En 2007, Rudolf Jenny estimait que BiblioOrchidea contenait des références sur environ 80 % des espèces d'orchidées ayant fait l'objet d'une description taxinomique. En constante mise à jour, la base de données ne sera jamais exhaustive en raison, notamment, de la parution régulière de nouveaux articles sur les orchidées et de la difficulté d'obtenir une copie de diverses publications.
Cattleya trianae Linden & Rchb.f.
Photo, Phillip James Cribb

Si BiblioOrchidea est une ressource impressionnante par sa couverture, elle demeure toutefois d'une utilité limitée pour les chercheurs n'ayant pas accès aux publications inventoriées. Dans un commentaire dans lequel il présente le projet Epidendra, Franco Pupulin, chercheur du Jardin botanique Lankester de l'Université du Costa Rica, signale que la valeur d'un système de références est liée à l'accès direct aux sources, situation qui n'est pas courante dans les pays des régions tropicales. Il souligne que, dans ce contexte, l'absence de bibliothèques donnant accès aux ressources documentaires constitue un obstacle majeur à la recherche botanique, en particulier lorsqu'il s'agit de consulter des publications anciennes.

Il serait dans doute opportun, en complément de l'excellent outil de recherche que représente BiblioOrchidea, de créer un vaste dépôt [repository] de copies numérisées de publications sur les orchidées, anciennes comme récentes. Bien sûr, pour la réalisation d'un tel projet, il faudrait tenir compte des questions liées aux droits d'auteur. Cet aspect n'est certes pas insoluble mais l'esprit de partage et de collégialité qu'une telle initiative impliquerait devrait être basé sur la reconnaissance des contributions de chacun à l’avancement des connaissances sur les orchidées.

 Prix à la recherche

La FSO offre le prix Swiss Orchid Research Award en appui à la recherche scientifique sur les orchidées dans les domaines de la biologie de l'évolution et de la reproduction, la taxinomie, l'anatomie, la physiologie et l'écologie.

Puiser dans ces trésors documentaires

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Nonobstant notre degré de connaissance sur les orchidées, comme orchidophile, nous trouvons, dans les ressources mises à notre disposition par la fondation suisse, une riche source d'information. Un des aspects les plus stimulants de la passion pour les Orchidaceae est certes ce champ illimité de découvertes qui s'offre à nous : explorons !

Alors qu'il étudie la chimie, à Munich, en Allemagne, Jany Renz interrompt fréquemment sa formation pour séjourner en Grèce, son pays d'origine, et pour des voyages en Afrique du Nord et au Moyen-Orient où il étudie les orchidées et collecte des spécimens.
Notes biographiques - Jany Renz (1907-1999)
Jany Renz sur le terrain en Thaïlande
source de la photo :
https://orchid.unibas.ch/contents/imgs/renzfeld.jpg

Après avoir occupé, au sein de la compagnie pharmaceutique Sandoz, à Bâle, le poste de directeur de l'équipe de recherche et de la production, il prend sa retraite en 1971. Par la suite, il consacre la majeure partie de son temps à la recherche sur les orchidées et à la gestion de son herbier.

Il profite de sa retraite pour effectuer des expéditions deux fois par année. Entre 1972 et 1975, il se rend en Iran, en Afghanistan et au Pakiskan. Il étudie les spécimens d'orchidées collectés lors de ces périples et rend compte de ses résultats de recherche dans des flores publiées sur les régions explorées.

Déjà, en 1928, il avait décrit une première orchidée qu'il venait de découvrir en Grèce. Par la suite, il publie plus d'une centaine d'articles consacrés à la taxinomie et aux flores de pays d'Europe, de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient.

Il s'intéresse notamment aux orchidées terrestres appartenant aux genres Dactylorhiza, Epipactis, Ophrys et Orchis. De plus, il étudie les espèces du genre Habenaria de l'ensemble de la planète. Par ailleurs, il contribue aux sections consacrées aux orchidées dans des flores régionales, notamment Flora Aegaea (1943).
Un spécimen de Restrepia renzii a été collecté par Jany Renz, à une altitude de 2 400 m, dans l'État de Mérida, au Venezuela, le 19 juillet 19515.
Source de la photo :
http://www.orchid-nord.com/restrepia/restrepia_renzii/Restrepia-renzii2.jpg
Le genre Renzorchis Szlach. & Olsz.6 commémore le souvenir de Jany Renz.
En outre, 11 orchidées ont été nommées en son honneur :
Brachionidium renzii Luer
Dactylorhiza renzii Aver. 7
Dactylorhiza × renzii Baum. & Kunk.
Disa renziana Szlach.
Epidendrum renzii Garay & Dunst.
Epipactis renzii Robatsch8
Habenaria renziana Szlach. & Olsz.
Masdevallia renzii Luer
Ophrys renzii 9
Ponerorchis renzii Deva & Naithani
Restrepia renzii Luer

 Après avoir complété le texte consacré aux orchidées pour l'ouvrage Flora Iranica (1978), il prépare sa contribution sur les orchidées pour le livre Flora of Turkey (1984).
Auparavant, il a publié plusieurs descriptions d'espèces collectées dans la région, nouvelles pour la science.
Par la suite, il fera paraître des articles sur des orchidées de l'Afrique tropicale et de l'Océanie. Durant les années 1980, il se consacre à l'étude des orchidées pour la publication de Flora of Guyana (1992) et prépare ensuite une contribution sur les orchidées, décrivant de nouvelles espèces et proposant un nouveau genre, pour l'ouvrage Flora of Bhutan qui est publié en 2002, quelques années après son décès (1999).
Il collabore étroitement avec l'Institut de botanique de Bâle qui établit une collection d'orchidées au Jardin botanique de la ville. Lors de floraisons, on lui demande d'identifier certaines orchidées, ce qui lui permet d'ajouter plusieurs fleurs à son herbier. D'un grand intérêt scientifique, sa collection compte plus de 20 000 spécimens. Au fil de ses activités de recherche, il meuble sa bibliothèque de nombreux ouvrages sur les orchidées.
__________________

1 Le nom accepté pour l'espèce est Oncidium alexandrae (Bateman) M.W.Chase & N.H.Williams, Lindleyana 21(3): 22 (2008).
2 Frère de Jany Renz.
https://orchid.unibas.ch/site.obituary.php
http://link.springer.com/article/10.1007% 2FBF00936308#page-1
3 Une prépublication est un article qui n'a pas été soumis à la critique de pairs (comité scientifique ou comité de lecture).
4 Jenny, R.
2007 What is BIBLIORCHIDEA? Proceedings of the 3rd International Orchid Conservation Congress dans Lankesteriana, 7(1-2): 169-174.
5 http://www.tropicos.org/Name/50162937?tab=specimens
6 Ce nom de genre est considéré synonyme de Habenaria Willd., Sp. Pl. 4: 44 (1805).
7 Le nom accepté pour l'espèce est Dactylorhiza umbrosa (Kar. & Kir.) Nevski, Trudy Bot. Inst. Akad. Nauk S.S.S.R., Ser. 1, Fl. Sist. Vyssh. Rast. 4: 332 (1937).
8 Le nom accepté pour l'espèce est Epipactis helleborine subsp. neerlandica (Verm.) Buttler, Willdenowia 16: 115 (1986).
9 Le nom accepté pour l'espèce est Ophrys sphegodes subsp. aesculapii (Renz) Soó ex J.J.Wood, Orchidee (Hamburg) 31: 232 (1980).